Avertissement
L’Histoire de France et ici, tout particulièrement, celle de Taillebourg est bien complexe et le texte ci-dessous n’a pas d’autre prétention que celle de vous donner quelques informations et dates clefs vous indiquant, au passage, que la vie de nombreux personnages célèbres est liée à l’histoire de Taillebourg et inversement !
Un peu d’étymologie
L’origine du nom Taillebourg peut-être du celte « tal », hauteur et du latin « burgus », château-fort, ou bien encore « Telleborg », désignant un port et qui trouverait son origine dans la présence des normands dans la région.
Un peuplement très ancien
La présence de vestiges de la fin du paléolitique (-10.000 avant J.-C.) dans cette région démontre un peuplement très ancien. Au Vème siècle avant J.-C., elle est occupée par les envahisseurs Celtes (Gaulois) puis par les Romains. Du IIIème siècle au Vème siècle, elle est le siège de nombreux vandales principalement issus de Germanie qui s’installent en Aquitaine.
Cette situation anarchique ne s’améliorera guère que pour une courte durée, sous le règne de Clovis qui établit une garnison à Saintes en 507.
Taillebourg au début du Moyen-Age
Vers 730, les Sarrasins (Musulmans installés en Espagne) dévastent la Saintonge avant d’être arrétés par Charles-Martel à Poitiers.
C’est en 770 que Taillebourg prend son importance avec la visite de Charlemagne en Saintonge et la construction de la première forteresse. Peu après, les Normands venus de Scandinavie dévastent à plusieurs reprises la région pour finalement être anéantis en 865 par les habitants, lors d’un combat entre Charente et Boutonne.
La dynastie des Rancon
Dès le XIème siècle, la dynastie des Rancon (seigneurs de Rancogne en Angoumois) prendra petit à petit posséssion du territoire, sous la protection des comtes d’Angoulème. La châtellenie de Taillebourg sera alors donnée en vassalité à Ostend 1er, membre de la famille des Rancon. Après une nouvelle tentative d’invasion par les Normands, Aimeri II, le troisième châtelain de la dynastie des Rancon fera de Taillebourg, une place forte capable de contenir de nouvelles incursions.(Cette famille bénéficiait de droits féodaux sur la population du bourg et des environs ainsi que d’un droit de péage sur les embarcations qui passaient sur la Charente, au niveau de la forteresse).
Taillebourg & Aliénor
Goeffroy III de Rancon (1137-1153) jouera un rôle important dans l’Histoire grâce à ses relations avec le Duc d’Aquitaine, Guillaume IX et sa fille la célèbre Aliénor d’Aquitaine. Louis VI le Gros, qui souhaitait réunir à la couronne le duché d’Aquitaine décida de faire épouser Aliénor par son propre fils, le futur Louis VII. Les deux époux passèrent, dit-on, leur nuit de noce au château de Taillebourg.
Peu après leur mariage, Louis VI décédé, laisse le trône à son fils Louis VII. Ce dernier fait annuler son propre mariage en 1152 et l’ex-reine épousera deux mois plus tard Henri Plantagenet, Comte d’Anjou, futur roi d’Angleterre. Cet événement aura pour conséquence la première guerre de 100 ans.
Plus que jamais le château de Taillebourg devient le théatre de nombreuses batailles, passant des mains de Geoffroy IV à celles des représentants de la cour d’Angleterre (dont Richard Coeur de Lion, fils d’Aliénor d’Aquitaine) et vice-versa. Il sera maintes fois assiégé, puis détruit et reconstruit.
De bataille en bataille…
En 1242, Henri III, vient s’établir avec son armée dans la prairie de Saint-James (en face de Taillebourg), et mène une bataille célèbre contre les chevaliers français aux côtés de Louis IX (Saint-Louis), qui finiront par l’emporter grâce au soutien des arbalétriers de Goeffroy V venus les soutenir. Contrairement à ce que laisse croire le tableau d’Eugène Delacroix (« La bataille de Taillebourg »/Versailles), la célèbre bataille eu lieu en réalité le 24 juillet 1242 sous les murs de Saintes à l’avantage des troupes françaises. En 1259, Louis IX et Henri III signent un acte de paix définitif et la Charente devient la limite entre les deux royaumes.
Le château de Taillebourg est alors confié à Hugues II de Parthenay, petit-fils de Goeffroy V. Hugues II meurt rapidement et c’est son fils, Guillaume II, qui hérite à son tour du château. Après sa mort en 1308, son fils Guy, l’Archevèque de Parthenay, reçoit la seigneurie de Taillebourg en héritage et s’y établit.
Une place forte très convoitée
Le Comte de Derby, dévastant la Saintonge, assiége le château en 1346.
La forteresse est aussitôt reprise par les Français en 1350 puis, à nouveau aux mains des Anglais qui font de Guy leur prisonnier avant de le libérer en 1358; date à laquelle il reprend possession du château désormais sous domination anglaise.
Taillebourg or not Taillebourg ?
La lutte contre les Anglais reprend en 1370, sous le règne de Charles V. Le château repasse aux mains des Français en 1385 puis à nouveau des Anglais et de nouveau aux Français en 1387 (occupé par le Comte de Sancerre dont le fils aîné reçoit le château en succession). Sans héritier, Jean l’Archevêque de Parthenay vend la Châtellerie à Jean Harpedane, Sénéchal de Saintonge et Seigneur de Montendre.
En 1407, Le Sénéchal est révoqué, la châtellerie réunie au domaine royal et sa forteresse démantelée.
Des « Coëtivy » aux « La Trémoïlle »
En 1422, Charles VII donne Taillebourg en nantissement à Henri de Plusqualec, gouverneur de La Rochelle jusqu’en 1426, date à laquelle il se retireà Taillebourg et
fait reconstruire la forteresse. Taillebourg entrera de nouveau dans le domaine royal, Henri de Plusqualec n’ayant pas eu de descendant.
En 1442, Charles VII offre Taillebourg à son Chambellan Prégent de Coëtivy.
Esprit cultivé, il réunit dans son château une importante bibliothèque et, preuve de son estime, le roi lui confie l’éducation de sa fille Marie.
Prégent de Coëtivy meurt lors d’une bataille et son frère cadet, Olivier de Coëtivy,
lui succède. Ce dernier, épouse la fille du Roi, Marie de Valois en 1458. Le mariage est célébré dans la chapelle du château en présence de Charles VII et de la cour.
Marie de Valois meurt en 1473, sept ans avant son époux et c’est leur fils Charles qui hérite du château.
Charles épouse Jeanne d’Orléans et devient le cousin de Louis XII (successeur de Charles VIII). De leur mariage naitra Louise qui sera à son tour mariée en 1501 à Charles de la Trémoïlle. Charles meurt à Marignan en 1515 et son fils François lui succéde à la tête du Château. François de la Trémoïlle épouse Anne de Laval en 1521 dont il aura un fils, Louis III, en 1522. Ce dernier prend possession du Comté de Taillebourg, épouse Jeanne de Montmorency et meurt en 1576.
De la chapelle au Temple
Tandis qu’une véritable guerre civile opose Protestants et Catholiques, le château de Taillebourg continue d’abriter les générations de La Trémoïlle : Claude (fils de Jeanne et Louis), sa soeur Charlotte (qui épousera le Prince de Condé dans la chapelle du château transformée en temple protestant), Henri (fils aîné de Claude), Henri-Charles (qui reçoit le comté en dot en 1648 et le verra détruit sur ordre de Louis XIV), Charles III puis le fils de ce dernier Charles-Louis-Bretagne.
Château à vendre…
En 1713, Charles-Louis-Bretagne de La Trémoïlle vend la seigneurie pour 175 000 livres à son oncle Frédéric-Guillaume, Prince de Talmont qui s’attache à restaurer les ruines et exécute de très nombreuses réparations.
Le comté reviendra bien plus tard à la branche aînée des La Trémoïlle en la personne de Jean-Bretagne (1789).
Adjugé vendu !
En 1789, le Duc Jean-Bretagne de La Trémoïlle, frappé d’une apoplexie le laissant lourdement paralysé, séjourne en Aix (province Sarde), tandis que l’Assemblée Législative ordonne la confiscation des biens des émigrés.
Bien qu’il ait informé par écrit des impérieuses raisons de santé qui le retiennent, la Convention remplace la Législative et la nouvelle Assemblée, bien décidée à ne pas se pencher sur les cas particuliers, ne tarde pas à mettre en vente les biens des La Trémoïlle.
Château, terrasse, douve seront adjugés à Jean Bergier, notaire à Taillebourg et
la moitié de la garenne à François Ferret également de Taillebourg.
Pilleurs et démolisseurs viendront copieusement se servir en matériaux avant qu’un incendie achève leur travail en 1822.
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